Le desperado by Clifton Adams

Auteur:Clifton Adams [Adams, Clifton]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier, Western
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1959-11-14T23:00:00+00:00

CHAPITRE VII

J’attendis le retour de Pappy à notre campement, en amont de la rivière, loin des troupeaux. Je ne savais pas au juste si j’avais envie de fuir, ou bien de rester avec mon compagnon pour régler l’affaire Creyton. Peut-être que je n’aurais pas de décision à prendre si Pappy rencontrait Buck avant de me rejoindre.

Alors, j’entendis ces mots qui sortaient de nulle part : « Ne t’inquiète pas. Je te jure qu’il ne m’arrivera plus aucun ennui. » Ils me semblèrent empreints d’amertume : quelques heures après avoir dit ça à Laura, j’avais tué un autre homme, un soldat.

À l’heure actuelle, en plus de la police d’État, j’avais les agents du gouvernement à mes trousses. Laura… Jusqu’à présent je n’avais guère eu le temps de penser à elle ; mais, maintenant, il me suffisait de fermer les yeux pour la voir. J’avais presque l’impression de pouvoir la toucher…

Je ramassai un caillou que je jetai méchamment, dans un geste de colère impuissante.

S’il m’arrivait des ennuis, ce n’était pas ma faute. J’avais l’impression de jouer une partie de cartes avec tous les atouts contre moi. Plus la partie se prolongeait, plus j’essayai de me rattraper et plus je perdais. Quand est-ce que ce jeu allait s’arrêter ? Est-ce qu’il pourrait seulement s’arrêter ?

M’étant rendu compte de ce que je faisais, je modifiai le cours de mes pensées. J’allais devenir complètement cinglé si je continuais à penser à ça. Ou bien j’allais perdre tout mon cran et me faire descendre. Or, je n’avais pas l’intention de me faire descendre : ni par Buck Creyton, ni par la police, ni par personne d’autre. Il me fallait continuer à vivre et revenir à John’s City. Il me fallait retrouver Laura.

En fait, on ne pouvait pas retenir grand-chose contre moi, sauf la mort du cavalier que j’avais tué à la cabane de Daggert. Mais un jury de fermiers ne me condamnerait pas à la potence pour avoir tué un habit bleu. Il me suffisait de me tenir tranquille en attendant le moment propice.

Restait à considérer Buck Creyton auquel mes pensées revenaient constamment. Je me demandais si Paul Creyton avait d’autres parents désireux de le venger. Et je me posais la même question à propos des trois cognes et du cavalier.

Finalement, quand je remontais au début de tous mes ennuis, je retrouvais Ray Novak. Il était la cause de tout. Je compris alors que je le haïssais plus que personne au monde, et que, tôt ou tard…

Immédiatement, la voix de la prudence se fit entendre. « Ne bouge pas, disait-elle, tu as déjà assez d’embêtements comme ça. »

Pappy arriva un peu avant le coucher du soleil, tout couvert de poussière, l’air épuisé de fatigue. Je me demandai comment j’allais m’y prendre pour lui parler de Buck Creyton : je ne savais trop ce qu’il ferait quand il apprendrait que Buck voulait le descendre pour le punir d’un meurtre qu’il n’avait pas commis.

Il mouilla son foulard avec l’eau de son bidon de selle et se le passa

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